Étant victime, certaines personnes vont vivre un phénomène de dissociation se caractérisant par une modification de l’état de conscience pendant l’événement. Elle permet de se couper, au moins en partie, de la réalité et de la violence de l’événement, si intense qu’elle en devient insupportable. Par exemple, la dissociation traumatique peut se traduire par:
- L’impression d’être déconnecté de son corps, de ne plus ressentir ni émotion ni sensation physique;
- Une impression d’irréalité, d’être comme dans un film, d’être comme « dans une bulle » ou de « ne plus être dans son corps »;
- Des altérations de la perception du temps, des lieux et des personnes;
- Une sidération psychique et physique (incapacité à penser et à bouger);
- Des actions automatiques, réalisées sans en avoir conscience.
Étant victime, certaines personnes revivent perpétuellement ce qu’il s’est passé. Cela peut prendre la forme de flashback, de souvenirs récurrents et intrusifs qui ne sont pas maîtrisés par la victime, venant s’imposer à elle. Les flashbacks peuvent se déclencher par une image, une odeur, un bruit, un contact physique… Les souvenirs peuvent donner l’impression que l’événement se réalise à nouveau (« comme si ») avec la même souffrance psychologique.
Étant victime, certaines personnes ressentent un malaise, un stress aigu, une inquiétude permanente et excessive. Ce sentiment d’inconfort ou de peur va perturber le bon fonctionnement des activités quotidiennes. La victime peut avoir des comportements d’évitement tels que ne plus vouloir sortir de son logement, s’éloigner de toutes les situations (lieux, discussion, etc.) rappelant les circonstances dans lesquelles l’infraction a été commise. La souffrance psychologique peut également se manifester physiquement (maladies de peau, douleurs dorsales, cervicales, troubles digestifs…).
Troubles de l’humeur et symptômes dépressifs
Étant victime, certaines personnes ont des difficultés à réguler ou contrôler leurs propres émotions. Elles peuvent passer d’une émotion à l’autre en quelques secondes et n’arrivent plus à se reconnaître. Les victimes peuvent se sentir hypersensibles, irritables, impulsives, manquer de patience voire devenir agressives par des accès de colère. Un état dépressif peut s’observer auprès de certaines victimes tels qu’une humeur dépressive, une diminution de l’intérêt, une extrême fatigue, un sentiment de dévalorisation, une perte d’espoir et des idées noires (idées récurrentes de mort ou de suicide). Dans le cas où les pensées suicidaires s’intensifient, il est important de faire appel à une aide extérieure (comme les proches ou les professionnels de santé).
Étant victime, certaines personnes manifestent des épisodes nocturnes perturbant la qualité, la quantité ou le déroulement du sommeil. Les perturbations peuvent s’exprimer par des difficultés d’endormissement, des insomnies, des réveils précoces, des cauchemars traumatiques, du sommeil non réparateur (comme ne pas avoir l’impression d’avoir dormi), etc.
Hyper vigilance et troubles de l’attention et de la concentration
Étant victime, certaines personnes sont toujours en état d’alerte et de contrôle, sur le qui-vive. Le cerveau des victimes maintient un niveau de vigilance maximum, car il n’intègre pas que le danger est derrière lui. La victime peut sursauter au moindre bruit et de manière exagérée. Face à cette hyper stimulation intellectuelle, l’attention et la concentration sont perturbées et s’exprimeront par de l’inattention, des oublis, d’une incapacité à maintenir durablement sa concentration…
Étant victime, certaines personnes peuvent se sentir responsables (« tout est ma faute »), se sentir coupables (comme d’être encore en vie alors que d’autres l’ont perdues) ou encore, se sentir honteuses. Ce sentiment est tout à fait légitime. Il s’explique par un mécanisme visant à donner du sens à l’événement et de trouver une réponse aux questions « pourquoi moi ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ? ». C’est aussi une manière de rationaliser la situation, de ne pas s’effondrer et de reprendre une posture active (« si je suis coupable, je peux alors agir pour que cela ne se reproduise plus jamais »).
Réactions des proches de victimes
Il se peut que vos proches ne comprennent pas vos réactions depuis l’infraction. Se sentant impuissants, ils peuvent ne pas être totalement disponible pour vous écouter et vous inciter à « tourner la page » rapidement. La détresse ressentie est difficilement compréhensible par vous, elle le sera d’autant plus pour les autres. Vos proches peuvent aussi s’impatienter que vous n’êtes pas redevenu la personne que vous étiez avant l’événement. Ils peuvent s’énerver qu’après quelques mois, il vous faut encore du temps pour vous remettre de cette « blessure psychique invisible » ou de contrôler vos émotions. Vos proches peuvent eux aussi bénéficier d’un accompagnement sous la forme d’une guidance auprès des professionnels formés au psychotrauma.